NEIPA, vedette de la scène artisanale
L'histoire de l'IPA Néo-anglaise
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Voir le programmeNew England IPA, IPA du Nord-Est, Hazy IPA. Peu importe comment on le nomme, le style NEIPA est depuis quelques années la plus grande tendance du marché artisanal.
Il s’inspire de la IPA américaine, connue pour sa couleur ambrée, ses arômes d’agrume et de sapinage, et sa finale très amère. Mais comment donc est-il devenu une bière à l’allure de jus d’orange, aux arômes de fruits tropicaux et à la texture soyeuse ?
La IPA américaine est le porte-étendard du mouvement artisanal qui a débuté dans les années 1980. Ce style mettait à profit de nouveaux cultivars de houblons américains, comme le Cascade et le Simcoe, aux arômes inédits d’agrumes, de pin et de résine. Après plus de vingt ans de règne, un nouveau style allait prendre sa place.
La genèse de la NEIPA revient à la Heady Topper de la brasserie The Alchimiste, au Vermont, brassée pour la première fois en 2004. Le brasseur John Kimmich souhaitait brasser une IPA à sa façon. Contrairement à la mode des IPA de plus en plus amères, le brasseur voulait mettre en évidence l’aromatique du houblon. Il brassa alors une IPA différemment, mais avec les mêmes houblons utilisés dans la IPA américaine. Au lieu d’intégrer le houblon au début de l’ébullition — ce qui fait ressortir son amertume — le brasseur les a presque entièrement ajoutés à la fin de l’ébullition et lors de la fermentation. Cette technique, ainsi qu’une eau riche en chlorure et l’utilisation de céréales protéinées, fait de la Heady Topper une IPA plus fruitée, soyeuse et moins amère.
La couleur orangée et très voilée de la bière surprend au moment de sa sortie. Son succès se concrétise lorsque la Heady Topper sort en canette, en 2014. Amateurs et brasseurs font le pèlerinage au Vermont pour mettre la main sur cette nouvelle coqueluche.
Au même moment, la communauté bière s’enthousiasme pour une jeune brasserie nommée Hill Farmstead, également au Vermont. Le brasseur Shaun Hill s’inspire des techniques de Kimmich pour développer des IPA, qu’il qualifie lui-même de « juteuses ». Il exploite de nouveaux cultivars de houblon américain au profil aromatique s’apparentant aux fruits tropicaux, comme le houblon Citra.
De jeunes brasseries du nord-est des États-Unis emboitent rapidement le pas. Au même moment, de nouveaux cultivars américains et néo-zélandais propulsent ce nouveau style de IPA. Leurs arômes sont fruités, tropicaux et exotiques. Les brasseries comme Tree House et Trillium, du Massachusetts, en font leur spécialité et poussent le concept encore plus loin, marquant l’apogée de cette bière voilée, soyeuse et juteuse : la NEIPA.
Le Québec, voisin, n’est pas sans reste. Amateurs de bières et brasseurs québécois ont traversé la frontière au milieu des années 2010 pour découvrir cette nouvelle tendance. Plusieurs brasseries tentent de créer leur version. Mais c’est le lancement en 2017 de la IPA du Nord-Est de Boréale qui démocratise le style. C’est d’ailleurs autour de la même année que des brasseries québécoises ouvrent leur porte en se spécialisant dans la NEIPA.
Aujourd’hui, presque toutes les brasseries offrent leur version de l’IPA néo-anglaise. Ce n’est pas surprenant, puisque les amateurs aguerris recherchent son arôme explosif alors que les néophytes apprécient l’accessibilité de cette bière aux saveurs fruitées.